mardi 3 février 2009

Exploser et laisser mourir

On a longtemps cru que des scènes de Vivre et laisser mourir (1973) avaient été coupées au montage. En effet, de nombreuses photos montrant Roger Moore derrière une mitrailleuse (image reproduite sur l'affiche), par exemple, laissaient à penser que Bond utilisait à l'origine cette arme contre ses adversaires. En réalité, il s'agissait de séances de photos devant la presse internationale venue en nombre en Louisiane assister aux premiers pas de Roger Moore en 007.






Celle-ci (utilisée pour l'exploitation allemande) en fait partie, comme l'explique Roger Moore lui-même dans son carnet de bord (édité en 1973 en France chez Plon) : "Pour ces messieurs de la presse, la grande attraction de la journée, c'était l'explosion. Personne n'avait voulu me dire quelle quantité d'explosifs était entreposée dans le ventre de la longue péniche. Comme je ne figurais pas dans la scène de l'explosion, Dan Slatter, le publicitaire britannique, eut l'idée géniale de me faire asseoir calmement devant les photographes, un verre de porto blanc à la main, style Bond, la tête nonchalamment détournée de l'explosion qui éclaterait à trois cents mètres. J'acceptai, mais une heure plus tard, je m'aperçus que l'équipe de la caméra s'abritait derrière une barrière élevée à cet effet, pour se protéger de la déflagration et des débris divers.


-Eh les gars, lançais-je bêtement, pourquoi vous vous cachez comme ça?


-Ma foi, répliqua un des Américains de l'équipe, on dit comme ça que ça va faire un petit boum.


J'éprouvais quelques inquiétudes quand j'entendis Dan raconter à un journaliste que j'étais assuré pour cinq millions de dollars. Un assistant vint nous conseiller d'abandonner le ponton d'où l'on devait prendre les photos pour nous installer plutôt sur la berge opposée qui semblait mieux abritée mais qui se trouvait un peu plus près du lieu de l'explosion. Je me dis que James Bond n'aurait jamais eu les foies, alors je restai stoïque pendant le compte à rebours, serrant dans la main mon verre de porto blanc glacé, avec les photographes sur ma droite et tous les diables de l'enfer bientôt déchaînés sur la gauche.


L'explosion se produisit et je ne sais pas si le souffle me souleva ou si la peur me fit faire un bond d'un mètre, sans cependant renverser une goutte de porto. Pour une photo de Bond faisant une démonstration de sang-froid, c'était plutôt raté."

Certaines photos montrent en effet Moore sursautant les yeux fermés. Mais un photographe a réussi à déclencher son appareil une demi-seconde plus tôt...

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